Ca ne s'invente pas...

Matthieu en Bretagne, je n'arrivais pas à le joindre.

Alors, comme je le savais un peu raide, je lui ai envoyé un misérable téléphone sans abonnement. Doué comme moi avec les néo-technologies vieilles de 15 ans, il n'a jamais su s'en servir. La dernière fois que je lui ai parlé, il était à Clermont, tranquille, chez ses parents chez lesquels je voulais prendre des nouvelles, encore par TELEPHONE !...

« La mort met fin à une vie,

   pas à une relation. »

Mitch ALBOM (né en 1958 - New-Jersey).

 

BLASON DE BRIENON-SUR-ARMENCON

L'un de ses plus vieux pote, Olivier, a écrit ce texte magnifique,

et surtout, a réussi à le lire à la droite de l'autel...

ADIEU A NOTRE AMI MATTHIEU

 

 

Il y a bien des années,

une petite bande de copains avait décidé de ne plus se quitter.

Ils venaient de tous horizons, de diverses écoles, de tous milieux sociaux.

Mais ces « potes » comme ils aimaient se nommer avaient fait un pacte secret, non pas secret comme indévoilable, mais enfouit au plus profond de leurs cœurs.

Et les années passèrent et les liens ne furent pas rompus.

Bien sûr, certains s’éloignaient quelque temps, mais ils revenaient….

Pourquoi je parle de ces « potes » ? Parce que Matthieu était tout ça, de sa plus jeune enfance dans le scoutisme jusqu’à son engagement syndical, il a ouvert son cœur, et pour lui l’amitié n’était pas un vain mot.

Il prenait un indicible plaisir à recevoir ses amis autour d’une table, car il préférait bien plus offrir que recevoir, et qu’est-ce qu’il a pu offrir !

Le poète bourguignon Christian Bobin a écrit :

"La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang : d’abord, éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d’ailes et fuites en tout sens. Ensuite, grands cercles sur l’eau, de plus en plus larges. Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu’auparavant, un silence, comment dire : assourdissant".

Ce silence, mon ami, mon frère, mon pote, ce silence est ce que tu nous laisses comme seul héritage, alors que tu étais le verbe réincarné. Et maintenant, nous sommes orphelins, orphelins de tes joutes verbales, orphelins de tes emportées sémantiques, orphelins de ton pouvoir de conviction. Que de longues heures avons-nous tous partagées avec toi à refaire le monde, à critiquer tel ou tel écrivain, à essayer de trouver un monde idéal, à s'enivrer de mots et même parfois de vin !

Vent debout contre toutes les injustices, tu étais un homme de conviction, construit avec une pierre aussi sombre que résistante qu'est la pierre de Volvic qui a bercée notre enfance. Fort comme un roc, tu étais capable de déplacer des montagnes, ou devrais-je dire des volcans, dès que tu sentais que la cause était juste. Ton esprit ne souffrait pas la médiocrité du compromis, seule l'éclosion de la vérité ne trouvait de la valeur à tes yeux. Tu as voulu les suivre, les chemins de traverse, pour toi la ligne droite n’existait pas. Les ordres de la société étaient une injure à ton intelligence. Non, il fallait que tu trouves ta voie, pas la plus simple, mais la plus tortueuse, celle qui te mena de l’Auvergne à l’Angleterre, de la rue Barnier à la Beaule, de Paris à Paimpol, voyageur impertinent, qui accrochait ses amarres qu’avec ses livres qui étaient tes meilleures bouées.

Maintenant tu nous attends là-haut, tu es sûrement en train de dresser la table, de faire migeoter tes petits plats, de faire chambrer le vin afin que tout soit parfait. Applique toi, prends le temps d’écrire, tu dois bien avoir deux ou trois romans dans la tête, et quand sera venu le temps du festin, tu nous accueilleras et nous t’ouvrirons les bras.

Va, part, notre ami sur ton nouveau chemin, emporte avec toi nos petits bouts de cœur et conserve-les.

L’amour est intemporel, sache que nous aussi avons un petit bout de ton cœur en chacun d’entre nous et tu survis en ce bas monde au travers de notre mémoire.

On t’aime Matthieu et à bientôt.

 

 

 

Je ne suis pas syndiqué. Alors je tiens sincèrement à remercier ses camarades qui nous ont conduit avec mon copain Phiphi dire salut à Matthieu à Brienon-sur-Armençon.

 

 

Ils ont diffusé ce texte sur leur site :

 

CGT Finances Publiques Paris

C'est avec tristesse que nous avons appris  le décès de Matthieu CLERIN.

Matthieu avait commencé à militer au sein de la section SNADGI-CGT Paris Est, puis avait été secrétaire de la section SNADGI CGT Paris Sud et  membre de la direction nationale avant de muter dans les Côtes d'Armor.

Nombre de camarades l'ont côtoyé et ont pu apprécier son engagement, sa sincérité et sa disponibilité auprès des agents, mais aussi sa rigueur intellectuelle. Quand il fallait se mobiliser, mener les luttes, il était toujours là, pour et avec les agents.

Féru de littérature, de philosophie et de politique, les discussions avec Matthieu étaient riches et  motivantes. Il laissera le souvenir de sa gentillesse, de sa fraternité et de sa fidélité sans faille aux idéaux que défend la CGT.

Vous pouvez envoyer vos messages de soutien et de solidarité à la famille de Mathieu. Madame et Monsieur Jean Clérin 22 rue Bardoux 63000 Clermont-Ferrand.

fraternellement,
Philippe Craste (*)

 

* Qui bien-sûr était dans l'Yonne ce samedi 10 janvier 2015.

Y'A PAS DE HASARD...

 

Quand on est montés à Paris, on allait boire l'apéro

après le boulot dans un bar qui s'appelle

"Le pays de Vannes" (juste parceque c'était le plus proche de chez nous. Matthieu comme moi, on s'en foutait de la Bretagne).

Il a pourtant été habiter là-bas.

Depuis 2003, le porte-clefs du bistrot est encore dans ma poche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 En tous cas en Bretagne, on a fait les métiers les plus ingrats

(Je vous promet que c'est vraiment la gendarmerie).

Supertramp - Roger Hodgson

Don`t Leave Me Now  (1982)

 

Ne me laisse pas maintenant 
Me laisser dehors sous cette pluie battante 
Mon dos contre le mur 
Ne me laisse pas maintenant 
Ne me laisse pas maintenant 
Me laisser dehors sans endroit où aller 
Et les ténèbres commencent à tomber 
Ne me laisse pas maintenant 
Ne me laisse pas maintenant 
Me laisser dehors sur cette route solitaire 
Alors que le vent commence à hurler 
Ne me laisse pas maintenant 


Ne me laisse pas maintenant 
Tout seul dans cette nuit des plus sombres 
Me sentant vieux et froid et gris 
Ne me laisse pas maintenant 

Ne me laisse pas maintenant 
Me laisser garder un cœur vide 
Alors que le rideau commence à tomber 
Ne me laisse pas maintenant 
Ne me laisse pas maintenant 
Tout seul dans ce monde fou 
Quand je suis vieux et froid et gris et le temps s'est enfui...

 

 

ATTENTION GERARD !

 

Je vais plagier Geoge Harrison,

lequel avait déclaré :

"Les Beatles ne se reformeront pas

tant que John Lennon s'obstinera à rester mort".

 

 

 

 

J'assure à mon tour :

"Je ne raserai pas ma moustache

tant que Matthieu sera mort".

C'est vrai, il s'est tellement foutu de moi grâce à elle.

Sûr qu'il en rigole encore !

En plus, je la portais les dernières fois que l'on s'est vus...